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PLAQUETTE DE LA MÉDAILLE DE L’INNOVATION DU CNRS, MAI 2014

Claude Grison, pionnière de la chimie verte par les plantes
À la croisée de la chimie et de l’écologie, les travaux de Claude Grison portent sur la restauration des sols pollués par les végétaux et une chimie valorisant ces processus. Deux axes de recherche novateurs qui lui valent de recevoir la médaille de l’innovation 2014 du CNRS.Si les plantes aiguillent de longue date les biochimistes dans leur quête de nouvelles substances médicales, l’étude des vertus dépolluantes des végétaux n’en est pour sa part qu’à ses balbutiements. Ce domaine de recherche émergent, c’est celui de la chimiste Claude Grison. « J’ai commencé à m’y intéresser en 2008 après que quatre de mes étudiantes en chimie soient venues me demander conseil pour un sujet qu’elles préparaient sur la dépollution par les plantes », se souvient la directrice du laboratoire Chimie bio-inspirée et innovations écologiques de Montpellier. Curieuse de nature, la scientifique, alors novice en matière de phytoremédiation, compulse la bibliographie scientifique disponible sur ce thème. Séduite par les potentialités de cette discipline au nom quelque peu barbare elle décide d’en faire son principal sujet de recherche. « La chimiste que je suis a tout de suite vu dans ces espèces végétales capables d’accumuler les substances toxiques présentes dans les sols un moyen à la fois écologique et efficace de les restaurer durablement. » Ses investigations commencent sur le terrain à l’emplacement de mines de nickel, de zinc ou de manganèse. Sur ces sites en voie de réhabilitation, la chercheuse étudie la manière dont certaines espèces d’arbres et de plantes se développent tout en accumulant ces éléments chimiques dans leur feuillage. La récolte de ces végétaux permet d’assainir de manière écologique ces sols pollués. Reste alors à tirer parti des résidus métalliques ainsi récupérés. Pour cela, la chimiste va s’appuyer sur une forme de valorisation très avant-gardiste : « Les effets de synergie entre les métaux qui s’accumulent dans ces végétaux et les cations qui y sont présents naturellement en font d’excellents catalyseurs de réactions chimiques », souligne la chercheuse. Nombre de médicaments et de produits cosmétiques peuvent ainsi être synthétisés via ces catalyseurs issus de l’environnement. Comme en attestent les partenariats initiés par Claude Grison et son équipe avec deux grands groupes cosmétiques de dimension internationale, le succès est déjà au rendez-vous. Et alors que la législation internationale sur les produits chimiques vise à limiter toujours plus leur impact sur la santé et l’environnement, on peut d’ores et déjà parier que d’autres industriels seront bientôt prêts à miser sur cette nouvelle chimie inspirée de la nature.

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