PLAQUETTE DE LA MÉDAILLE D’ARGENT DU CNRS, OCTOBRE 2012

Marie-Paule Cani, L’art de numériser les mondes imaginaires
Marie-Paule Cani intègre l’École normale supérieure de Paris en 1984 pour étudier les mathématiques.
Si elle choisit finalement de se tourner vers l’informatique graphique, c’est parce qu’elle perçoit dans
cette discipline le moyen de concilier modélisation mathématique, raisonnement algorithmique et
créativité. Après une thèse soutenue en 1990 à l’université Paris-Sud, elle est recrutée comme maître
de conférences en informatique à l’ENS. Elle quitte Paris en 1993 pour intégrer une équipe CNRS à
l’Institut national polytechnique de Grenoble où elle occupe un poste de professeure à partir de 1997.
Après avoir participé à l’essor des surfaces implicites, Marie-Paule Cani fonde en 2003 l’équipe
Evasion*. Dédié à la modélisation et à l’animation de scènes naturelles, ce groupe de recherche est le
premier en France à concevoir des modèles virtuels d’objets complexes, des règnes minéral et végétal
aux organes du corps humain, conciliant efficacité et réalisme visuel. Les applications sont multiples:
environnements virtuels pour les loisirs numériques, simulateurs médicaux, prototypage virtuel…
En 2011, la scientifique met sur pied, au sein du Laboratoire Jean Kuntzmann, l’équipe Imagine**.
Il s’agit désormais de développer des modèles de haut niveau pour la géométrie 3D et le mouvement,
permettant de « rendre la création des mondes virtuels animés aussi intuitive que le dessin ou la
sculpture dans le monde réel ».

* Environnements virtuels pour l’animation et la synthèse d’images d’objets naturels.
** Modélisation intuitive et animation pour les mondes 3D interactifs et les environnements narratifs

JEAN DUPRAT, À la poursuite des poussières extraterrestres

Expert reconnu d’une discipline à la frontière entre physique nucléaire, astrophysique et planétologie,
Jean Duprat intègre le CNRS en 1995 comme chercheur à l’Institut de physique nucléaire d’Orsay.
Titulaire d’une thèse en physique de l’université Paris-Sud, il étudie d’abord la structure du noyau par
spectroscopie gamma sur accélérateur de particules. En 2000, il rejoint le Centre de spectrométrie
nucléaire et de spectrométrie de masse (CSNSM) d’Orsay où, avec le soutien de l’Institut polaire français
Paul-Émile Victor (IPEV), il prend la responsabilité du programme de collecte de poussières extraterrestres
près de la nouvelle base antarctique Concordia. «Ce site très isolé est particulièrement propice à leur
échantillonnage car il n’est pas contaminé par les poussières d’origine terrestre. » En étudiant les éléments
stables et radioactifs présents dans les micrométéorites de cette collection unique, Jean Duprat cherche à
retracer les événements qui ont accompagné la naissance du système solaire. Par l’analyse des anomalies
isotopiques de l’hydrogène qu’elles renferment, il a ainsi pu démontrer en 2010 l’existence, à la surface
terrestre, de poussières cométaires issues des régions les plus reculées du système solaire. Responsable
depuis 2004 de l’équipe d’astrophysique du solide au CSNSM, ce chercheur féru de vulgarisation poursuit
l’analyse de ces poussières primitives afin de percer les secrets du disque protoplanétaire qui entourait le
jeune Soleil il y a 4,5 milliards d’années.